VENDRE Hortensias du Val de Loire : une signature de territoire

Grâce à un microclimat propice, la culture d’Hydrangea s’est installée dans le Val de Loire, surtout en Anjou, et cela depuis plus d’un siècle. En dépit de soubresauts récents, les entreprises leaders y demeurent solidement implantées. La création variétale est une signature du territoire. Si les sélections et les hybridations se font en interne, les pépinières bénéficient de l’appui de la recherche régionale afin d’optimiser la production (réponse au stress hydrique, alternative aux nanifiants chimiques). 

Contrôler la croissance pour un port compact et ramifié

Pour aider les entreprises à mieux produire afin de mieux vendre, la recherche angevine est investie, l’hortensia figurant en tant qu’espèce modèle. Une préoccupation est le contrôle de la compacité, qui joue un rôle essentiel dans l’uniformité des dimensions et de la morphologie. Le laboratoire Strehmo de l’IRHS-AO-Université d’Angers (49) ⁽¹⁾ a été associé aux besoins du pépiniériste angevin Hor­tensia France via le LabCom Match (méthodes alternatives aux traitements chimiques de l’hortensia). Ce projet ANR 2019-2023 a couvert deux axes : le développement de méthodes alternatives aux nanifiants et aux fongicides, ainsi que l’ajustement des apports de fertilisants et de sulfate d’alumine (l’agent bleuissant des sépales) ⁽²⁾.

Une thèse rédigée au sein du LabCom Match a porté sur les sollicitations mécaniques en alternance aux nanifiants chimiques, progressivement prohibés (en extérieur, mais encore autorisés sous serre). La stimulation mécanique émerge comme une alternative, bien que ses effets varient en fonction des génotypes, des variétés et des stades physiologiques des plantes.

Pour la première fois, les effets de flexions symétriques récurrentes ont été caractérisés sur de jeunes plants d’Hydrangea macrophylla de trois variétés à grosses fleurs et de type « teller ». La stimulation mécanique a été réalisée sous serre à l’aide d’une bâche en plastique non frangée ou encore d’une barre en bois (option moins probante) ⁽³⁾. Les effets nanifiants induits étaient similaires à ceux des retardateurs chimiques, et la doctorante a constaté le renforcement des tiges par stimulation de leur croissance radiale. Ces résultats prometteurs du recours à la thigmomorphogenèse ⁽⁴⁾ ouvrent la voie à l’étude de cette méthode en production.

De nouveau, l’unité de recherche Strehmo est intervenue, cette fois en pilotant l’un des axes du programme régional Bretagne-Pays de Loire ClimatVeg. En l’occurrence, il s’agissait de l’augmentation de la résilience au stress hydrique de jeunes plants d’hortensia et de pétunia via l’étude du priming (endurcissement des pieds-mères).

Vente en vert et ramifications européennes

La réputation de grande diversité variétale et les historiques familiaux n’excluent pas des stratégies marketing bien réfléchies, pour la poterie par exemple. L’un des leaders français des hortensias en vert, Sicamus Productions à Angers, a rendu son offre plus visible grâce aux contenants. La génétique maison était déjà empotée dans du noir avec un marquage Rendez-vous. Pour stimuler les ventes, le pot Deko de 5 litres offre une singularisation plus récente, il est idéal pour commencer à vendre plus tôt, même au stade boutons verts.

De son côté, Hortensia France, l’autre leader français d’hortensia en vert – établi dans quatre sites en Maine-et-Loire – propose toutes ses plantes en une taille unique, à savoir un pot de 14 cm en vue d’optimiser son offre. L’entreprise familiale pilotée par Thomas Eveleens est adossée à la firme néerlandaise d’envergure mondiale Hoko Breeding, une association entre Horteve Breeding (la famille Eveleens) et Kolster BV, avec son frère Matthieu pour directeur commercial.

Hortensia France fournit ‘Hoko’ en végétaux en vert et en boutures racinées. Pour ces dernières, elle utilise la technique mise au point par Thomas Eveleens afin de produire des micro-boutures d’Hydrangea macrophylla compactes et bien racinées en plaques alvéolées.

Identités d’exception

Le simple nom d’un producteur spécialisé suffit à signer la qualité de l’offre. À Gorron (53), Julie Renault, fille d’Éric et petite-fille de Jean Renault, gère depuis 2019 l’entreprise Pépinières Renault. Il y a presque deux ans, elle a lancé la marque « Mademoiselle Hortense » sous-titrée « Hortensias d’exception ». Cette gamme regroupe à la fois les créations maison d’Hydrangea paniculata comme le célèbre Vanille-Fraise^® et d’autres cultivars d’Hydrangea choisis comme étant les meilleurs du marché. Le dos du chromo apporte du conseil et raconte une histoire. 

À Sainte-Gemmes-sur-Loire (49), Boos Hortensia produit pour le marché professionnel (boutures et jeunes plants) ainsi que pour les jardiniers amateurs. Jean-Paul Davasse poursuit la tradition de création variétale de Didier Boos, l’ancien propriétaire. Le site web très documenté guide le choix au moyen de quatre entrées : par espèce, par forme de fleur, par emplacement et par couleur. Un outil efficace pour commander en vue d’une expédition, d’un click and collect à la pépinière ou à l’occasion de fêtes des plantes (livraison au stand), ou encore utiliser des chèques cadeau. D’autres rubriques renvoient à des articles fouillés, à l’instar de celui sur les nouvelles variétés aux pétales plus épais, résistants au stress hydrique, comme Valvert^®, une création Boos.

Des relais de communication

À Saint-Barthélemy-d’Anjou (49,) Malinge Horticulture complète le paysage angevin et livre des hortensias en vert ou fleuris pour les professionnels de l’Hexagone et à l’export, tout en diffusant une gamme fleurie à l’échelle régionale lors de fêtes des plantes. 

La vente aux particuliers est l’occasion de communiquer sur la marque de territoire « Hortensia d’Angers Val de Loire » portée par le collectif régional HW2 (Hortensia worldwide) animé par Didier Boos. Rassemblant tous les acteurs de l’Anjou ainsi que les Pépinières Renault en Mayenne limitrophe, il a été à l’initiative d’un con­grès international de l’Hydrangea à Angers en 2015. 

L’esprit « collection territoriale » a un relais de communication dans l’enceinte du château d’Angers et dans les collections variétales agréées par le CCVS (Conservatoire des collections végétales spécialisées) à l’arboretum Gaston-Allard de la ville et chez Boos Hortensia.